Un pilote au fond du trou

Une raison un peu particulière m'a amené la semaine dernière en Suisse : en effet, j'étais censé y pratiquer un stage de conduite sur glace. Une activité que j'attendais depuis longtemps, et avec impatience. Malheureusement, les conditions météorologiques ont conduit à annuler une fois sur place : difficile de conduire sur glace sans glace. C'est ainsi que je me suis rabattu sur une activité toute autre, que je n'avais pas pratiquée depuis quelques années : de la spéléologie. Et dans un cadre d'excellence, qui plus est : le Holloch. Sous son nom évocateur, le Holloch (Trou de l'Enfer), est le plus grand système de cavernes en Europe et compte, avec ses 190 kilomètres de passages, galeries et lacs souterrains, parmi les plus longues grottes du monde. Un fermier du pays les a découvertes en 1875, mais à peine 6,4 kilomètres avaient été explorés lorsque le géologue suisse Alfred Bogli a commencé à étudier les grottes. En 1952, une inondation a bloqué Bogli et trois assistants sous la terre pendant dix jours. En 1955, Bogli avait déjà mesuré 55 kilomètres de grottes. C'était, à cette époque, la grotte la plus longue connue. Si des visites guidées d'une petite section de la grotte sont proposées aux touristes, il est surtout possible, pour les plus sportifs, d'effectuer des expéditions plus longues entre novembre et mars. En effet, le système de cavernes est à sec en hiver, car les précipitations tombent sous forme de neige et l'eau ne s'infiltre pas dans le calcaire. Au printemps, après les fontes de neige, l'eau inonde les grottes les plus profondes. C'est ainsi que j'ai pu renouer avec une activité qui me terrifie par moments (je suis claustrophobe), mais à laquelle je ne résiste jamais, et je me suis ainsi enfoncé à 870 mètres de profondeur. La grotte possède de superbes stalactites et stalagmites, ainsi que des formations rocheuses colorées et une faune et flore cavernicoles. Un gigantesque système de galeries appelé Nirwana, accessible uniquement par temps sec, a été découvert en 1982 : un endroit superbe, où l'on se sent soudain comme Bilbo dans les tunnels de la Moria, et où les échos et les souffles d'air laissent imaginer que d'autres ont vécu là... et vivent peut-être toujours. Les désagréments causés par la claustrophobie sont largement compensés par les frissons que l'on éprouve en arpentant ces tunnels. Quant à ce stage de pilotage sur glace, ce n'est que partie remise : j'ai déjà réservé un autre créneau. C'est une activité dont je rêve depuis quelques mois, et il est hors de question que j'y renonce. Voici le lien vers le site qui propose ce stage de conduite sur glace.