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Quelle Pensée
16 décembre 2017

Inventer l’État de l’âge numérique

Une nouvelle ère de concurrence entre États se profile. Ceux de nos voisins qui ont maîtrisé leurs déficits et sont sortis de la spirale de l’endettement vont, dans les années à venir, disposer d’une marge de manœuvre importante pour abaisser les prélèvements obligatoires. Déjà, depuis le début de la décennie, la part des dépenses publiques dans le PIB a baissé de deux points dans la zone euro, contre 0,2 point seulement en France. Les services publics vont parallèlement être percutés par la révolution de l’intelligence artificielle et des mégadonnées. Le modèle bureaucratique de la première moitié du XXe siècle s’effondre, le service public doit se réinventer en architecte des systèmes de données et en plateforme pour de nouveaux services aux citoyens. Ces mutations offrent l’occasion de réinventer l’action publique. Le numérique procure aux États et aux usagers des services publiques des gains d’efficacité sans précédent, il brouille les frontières territoriales de la souveraineté étatique, il redessine les frontières entre public et privé. Il est appelé à modifier très profondément la relation entre l’État et des usagers en attente d’un service aussi individualisé et instantané que ceux qu’ils utilisent quotidiennement sur leur smartphone. La transformation est à peine engagée. Si la France s’est engagée dans l’innovation publique et si certaines administrations sont à l’avant-garde de la numérisation des procédures, les services publics sont globalement en retard sur les grandes institutions analogues de la sphère marchande. Dans bien des cas, ils ne se sont pas encore pleinement approprié les technologies de l’information de la fin du XXème siècle. La sphère publique n’a pas encore pris la mesure des changements qui l’attendent. Nos administrations publiques raisonnent à court terme et en différentiel par rapport à l’existant ; le budget qu’elles consacrent aux systèmes d’information est d’environ 1 000 € par agent et par an, contre bien davantage dans les organisations de service privées ; elles disposent d’un capital humain exceptionnel mais elles investissent peu, et le plus souvent de manière passive, dans la formation de leurs agents ; et elles raisonnent à périmètre constant alors que le numérique déplace les frontières entre public et privé. C’est aujourd’hui que s’élaborent les nouvelles formes de l’action publique. De nouveaux concepts, comme celui d’État plateforme, esquissent ce que seront demain les services publics de l’âge numérique : plus collaboratifs, plus innovants, plus individualisés. Pour que nous soyons les acteurs de cette transformation au lieu de la subir, il importe de mettre la sphère publique en capacité de développer de nouveaux outils. Cela suppose : un investissement dans les infrastructures numériques, en particulier en ce qui concerne le système de santé ; la mise en place d’outils d’accompagnement des transformations qui permettent le déploiement de projets porteurs d’économies pérennes et le développement d’innovations porteuses de renouveau de l’action publique.

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